Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/368

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ne sont elles-mêmes qu’un produit du même principe ? — Je demande enfin si notre esprit trouve en lui seul tous les éléments nécessaires à la production de ce phénomène, ou si, d’après une loi d’équilibre, quelque mobile hétérogène y concourt avec lui ? Et je réponds à cela : que la nature, cette magnifique reine, n’est pas si complaisante à l’égard de notre esprit, que de le laisser manœuvrer dans le vaste champ de l’espace et du temps, avec une pleine indépendance, et dans l’illusion qu’il agit et se meut autrement que comme un subalterne employé à l’accomplissement des fins qu’elle se propose. Nous sommes si intimement liés sous les rapports incorporels ou physiques avec tous les objets extérieurs, avec la nature entière, que l’élimination absolue de notre principe intellectuel, quand elle serait admissible, impliquerait la destruction de notre existence. La vie que vous nommez intensive est une condition de notre vie expansive, et pour ainsi dire un reflet de celle-ci. Mais les images et les figures de cette vie réelle nous apparaissent alors, comme recueillies dans un miroir concave, avec d’autres proportions, et par conséquent sous des formes bizarres et inconnues, bien qu’elles ne soient que des caricatures d’originaux vraiment existants. Je soutiens hardiment que jamais un homme n’a imaginé ni rêvé aucune chose dont les éléments ne pussent être indiqués dans la nature, à laquelle il nous est absolument interdit de nous soustraire.

» Abstraction faite des impressions intérieures et inévitables qui émeuvent notre ame et la mettent