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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/382

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l’influence psychique, et à devenir, par son application infatigable, et par une complète indépendance d’idées, un digne élève de la seule nature. Dans cette vue, la vie contemplative à laquelle il se dévouait, devait, comme une espèce de sacerdoce, le sanctifier par une série d’initiations de plus en plus élevées, jusqu’à ce qu’il lui fût permis de pénétrer dans le sanctuaire intime du grand temple d’Isis ! — Alban, qui avait une confiance sans bornes dans les dispositions naturelles de son ami, l’encouragea dans son projet ; et lorsqu’enfin Théobald, reçu docteur, prit congé de lui pour retourner dans sa ville natale, le dernier mot d’Alban fut qu’il eût à rester fidèle à ce qu’il avait entrepris.

» Peu de temps après, Alban reçut de Théobald une lettre dont le style désordonné témoignait du désespoir, du bouleversement intérieur qui s’étaient emparé de lui. Le bonheur de sa vie, écrivait-il, était à jamais détruit ; il ne lui restait plus qu’à partir pour la guerre, puisque c’était là qu’était allée la jeune fiancée qu’il chérissait en délaissant sa paisible demeure ; et la mort seule pouvait le délivrer des tourments affreux qu’il endurait. — Alban ne prit ni repos ni trêve ; il partit sur le champ pour se rendre près de son ami, et, après bien des efforts perdus, il parvint enfin à rendre à son esprit un certain degré de tranquillité.

» La mère de la jeune fille aimée de Théobald apprit à Alban que, durant le séjour passager d’un corps de troupes étrangères, un officier italien avait été logé chez eux. Il devint, au premier aspect, éperdûment amoureux