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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/388

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cheval de bois8. Mais autant était devenu passionné l’attachement d’Augusta pour Théobald, autant il semblait que l’injuste traitement qu’il avait subi pour elle eût enflammé le cœur de celui-ci, et son affection pouvait presque se comparer à l’amour le plus ardent.

» L’oncle remarqua ce double changement ; mais ce ne fut que plusieurs années après, lorsqu’il apprit, à sa grande surprise, la vérité de ce qui s’était passé, qu’il vit clairement à quel point les deux enfants avaient ressenti l’un pour l’autre un véritable et profond amour ; et il approuva alors de grand cœur leur engagement mutuel de rester étroitement unis toute leur vie.

» Cet événement dramatique de leur enfance devait servir une seconde fois à réunir l’heureux couple. — Augusta commença la représentation de cette scène au moment où son père arrivait plein de colère, et Théobald, de son côté, ne manqua pas de jouer adroitement son rôle. Jusqu’alors Augusta se montrait dans le jour silencieuse et chagrine. Mais le matin qui suivit cette nuit-là, elle fit à sa mère la confidence inattendue que depuis quelque temps elle rêvait vivement de Théobald, et qu’elle s’étonnait qu’il ne revint pas, ou du moins n’écrivit pas. Son désir de le revoir s’accrut chaque jour davantage, et alors Théobald n’hésita pas plus longtemps à paraître devant Augusta, comme s’il fût arrivé immédiatement ; car il avait évité soigneusement de se montrer depuis le jour où elle ne l’avait pas reconnu.