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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/390

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il s’approcha silencieusement de la jeune fille evanouie. Le baron le regardait en face d’un œil ardent de colère. Personne ne pouvait parler. Alban semblait ne voir que Maria : il fixa son regard sur elle : « Maria ! qu’avez-vous ? » dit-il d’un ton imposant. Une légère contraction agita ses nerfs. Alors il saisit sa main, et, sans cesser de la regarder, il dit : « Pourquoi cette épouvante, messieurs ? Les battements du pouls sont faibles, mais réguliers. — Je trouve cette chambre pleine de vapeur : il faut ouvrir une fenêtre. Maria se remettra aussitôt de cette attaque de nerfs insignifiante et nullement dangereuse. » Bickert fit ce qu’il demandait, Maria alors ouvrit les yeux, et son regard tomba sur Alban. « Laisse-moi, homme effroyable ! je veux mourir au moins sans tourments, » murmura-t-elle avec des sons confus. Et cachant, pour échapper au regard d’Alban, son visage dans les coussins du sopha, elle tomba dans un profond sommeil, comme le témoignaient ses lourdes aspirations.

Un sourire singulier, presque effrayant, passa sur les lèvres d’Alban. Le baron quitta impétueusement sa place ; il paraissait prêt à se livrer à une sortie violente. Alban le regarda fixement, et d’un too à moitié sérieux, où perçait évidemment une certaine ironie, il dit : « Soyez tranquille, monsieur le baron ! la petite est un peu impatiente : mais quand elle se réveillera de ce sommeil bienfaisant, ce qui aura lieu sans faute demain matin à six heures, qu’on lui donne douze de ces gouttes, et il ne sera plus question de rien. » — Il présenta à Ottmar le