Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/392

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complet : la porte est exactement fermée, comme je le disais.

— Hum ! dit le baron, le docteur aux miracles commence à se transformer en un vulgaire escamoteur. — J’en suis fâché, répartit Bickert, Alban a la réputation d’un habile médecin, et, à vrai dire, lorsque notre Maria, autrefois si bien portante, tomba malade de ces scélérats de maux de nerfs, et que tous les moyens curatifs eurent échoué, Alban la guérit en peu de semaines par l’application du magnétisme. — Tu t’es décidé bien difficilement à le permettre, et seulement après les instances réitérées d’Ottmar, en voyant, hélas ! se flétrir de plus en plus cette fleur magnifique, qui levait auparavant vers le soleil une tête si libre et si joyeuse…

Crois-tu que j’aie bien fait de céder aux prières d’Ottmar ? demanda le baron. — À cette époque, assurément, répondit Bickert ; mais le séjour prolongé d’Alban chez toi ne me flatte pas précisément ; et quant au magnétisme…

— Tu le rejettes absolument ? dit le baron. — Point du tout, répliqua Bickert. Je n’aurais pas même besoin, pour y croire, de maints phénomènes produits par lui, et dont j’ai été témoin. Oui, je ne le sens que trop, en lui résident les secrets de l’enchainement et des merveilleuses corrélations de la vie organique. Mais toute notre science là-dessus reste une besogne à faire ; et l’homme dût-il acquérir un jour l’entière possession de cet intime secret de la nature, je verrais dans celle-ci une mère qui aurait perdu par mégarde un instrument tranchant