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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/404

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glissait le long de mon dos : je me réveillai de mon état d’évanouissement ; Alban était devant moi. mais, ô grand Dieu ! ce n’était pas lui, non ! c’était le larve épouvantable, création fantastique de mon imagination frappée ! — Combien ne fus-je pas honteuse de moi-même le lendemain matin ! Alban était instruit de mes doutes injurieux, et son affectueuse bienveillance l’a seule empêché de me le faire sentir ; mais il savait comment je m’étais représenté sa personne, puisqu’il lit au-dedans de mon être mes pensées les plus secrètes, que ma vénération et ma soumission pour lui ne me permettent pas d’ailleurs de vouloir lui cacher.

Du reste, il attache très peu d’importance à cette crise nerveuse, et l’attribue uniquement à la vapeur du tabac turc que mon père avait fumé ce soir-là. Si tu avais pu voir de quelle prévenante sollicitude, de quels soins tout paternels m’entoura alors mon excellent maître. Ce n’est pas seulement le corps qu’il sait conserver en santé, non, c’est l’esprit surtout qu’il initie aux délices d’une vie supérieure ! —

Si ma bonne amie Adelgonde pouvait seulement être auprès de moi et jouir de la vie réellement bienheureuse que nous menons ici au sein d’une paix modeste ! Bickert est toujours le joyeux vieillard d’autrefois ; mon père et Ottmar seuls montrent parfois une disposition d’humeur singulière et un peu triste. L’uniformité de nos habitudes n’est pas faite pour plaire sans doute aux hommes lancés dans le tourbillon du monde et des affaires.

Alban nous entretient en langage pompeux des