Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/427

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sentiment actif d’une charité exaltée. Ce fut surtout en Allemagne que ses idées trouvèrent des partisans. Mais elles furent beaucoup modifiées par les sectateurs du magnétisme en France, où le comte Maxime de Puységur, dont le frère observa le premier le phénomène du somnambulisme factice, fut le chef d’une nouvelle école, qui, tout en reconnaissant la puissance supérieure de l’esprit, admet les procédés pratiques qui formaient l’élément du mesmérisme.

Hoffmann, que devait séduire une science tellement imprégnée d’imagination, et qui touche aux limites du monde invisible, a gardé pourtant, à son égard, un scepticisme qu’il intéresse de constater. Le magnétisme sert de pivot et d’élément à cinq ou six de ses contes ; mais nulle part il ne manifeste aussi nettement que dans celui-ci les doutes que lui inspiraient les doctrines fondées sur d’aussi étranges phénomènes. L’histoire de Théobald semble être une application des arguments de leurs défenseurs, même en faveur de leur emploi dans l’ordre intellectuel et moral. Mais le héros principal est un type odieux dont on ne reprochera pas à l’auteur d’avoir atténué la perversité, pour dissimuler le danger des spéculations chimériques et immorales dont il abuse.

Malgré la couleur métaphysique de ce conte dont la lecture exige une attention scrupuleuse, et sa facture même un peu abstraite, comme le sujet, il y règne jusqu’à la dernière ligne un intérêt puissant, et l’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer de la délicatesse et de la grace dans les détails, surtout dans l’histoire de Théobald, ou de la profondeur des aperçus dans les lettres d’Alban et de Maria. Nous n’avons pas voulu d’ailleurs qu’on imputât à l’extrême difficulté de sa traduction, l’omission dont nous pouvions le laisser l’objet à l’exemple des premiers éditeurs d’Hoffmann.