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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/61

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violemment encore : « Conduisez-moi près de votre maîtresse, vous dis-je ! »

La Martinière vit alors sa maîtresse exposée à un danger imminent. Son vif attachement pour mademoiselle de Scudéry, qu’elle honorait à l’égal d’une bonne et tendre mère, se réveilla énergiquement dans son cœur, et lui inspira un courage dont elle-même ne s’était jamais crue capable. Elle ferma aussitôt la porte de sa chambre qu’elle avait laissée ouverte, se plaça devant, et dit d’une voix haute et ferme : « Voilà une folle manière d’agir au-dedans de la maison qui s’accorde mal avec vos discours plaintifs de tout à l’heure, et je vois maintenant combien je me suis laissée émouvoir mal à propos. Vous ne devez pas parler à mademoiselle, et vous ne lui parlerez pas à cette heure. Si vous n’avez point de mauvais dessein, le jour ne peut vous inspirer aucune appréhension : revenez donc demain, et vous présenterez votre requête. — Maintenant, sortez de la maison ! »

Le jeune homme poussa un profond soupir, et, regardant fixement La Martinière d’un œil hagard, porta la main à son stylet. La Martinière recommanda tout bas son âme à Dieu, mais elle demeura ferme, le regard levé hardiment sur l’individu, et se maintint de plus près contre la porte de sa chambre, qu’il fallait traverser pour arriver à celle de sa maîtresse. « Laissez-moi passer, vous dis-je ! répéta l’homme en s’avançant. — Faites ce qu’il vous plaira, répliqua La Martinière, je ne bougerai pas d’ici. Consommez sur moi votre attentat criminel : une