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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/64

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La Martinière, revenue de son extrême frayeur, raconta tout ce qui était arrivé. Ils allèrent tous deux, Baptiste et elle, dans le vestibule, où ils trouvèrent à terre le flambeau que l’étranger avait jeté en s’enfuyant. « Il n’est que trop certain, dit Baptiste, que notre demoiselle devait être volée et peut-être égorgée… Cet homme qui savait, dites-vous, qu’elle était seule ici avec vous, et même qu’elle veillait encore occupée à écrire : à coup sûr c’est un de ces filous et coquins maudits qui s’introduisent jusque dans l’intérieur des maisons pour épier adroitement tout ce qui peut servir à l’exécution de leurs funestes projets. Et la petite cassette, dame Martinière ? nous irons, je pense, la jeter dans la Seine à l’endroit le plus profond. Qui nous répond que quelque traître infernal n’en veut pas à la vie de notre bonne maîtresse, et qu’en ouvrant la cassette elle ne tomberait pas morte, comme il arriva au vieux marquis de Tournay en décachetant une lettre qu’il avait reçue d’une main inconnue ? »

Après de longues réflexions, les deux fidèles serviteurs résolurent enfin de tout raconter à la demoiselle le lendemain matin, et de remettre entre ses mains la mystérieuse cassette, qu’on pourrait ouvrir soigneusement après tout, en prenant les précautions convenables. Enfin, en pesant toutes les circonstances de l’apparition du suspect étranger, ils s’accordèrent à penser qu’il pouvait s’agir aussi d’un secret particulier sur lequel ils devaient s’abstenir de former des suppositions arbitraires, en laissant le soin de l’éclaircir à leur maîtresse.