Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/68

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Comme il était décédé sans héritiers, les gens de justice se présentèrent pour poser les scellés sur la succession. Ce fut alors qu’on découvrit une cassette renfermant tout l’appareil diabolique exploité par Sainte-Croix, pour satisfaire ses homicides caprices. Mais on trouva aussi les lettres de la Brinvilliers qui décélaient clairement tous ses crimes.

Elle se réfugia à Liège, dans un cloître. Alors Desgrais, un officier de maréchaussée, fut expédié à sa poursuite. Sous un déguisement ecclésiastique, il pénétra dans le couvent où elle s’était retirée ; là, il parvint à nouer une intrigue galante avec cette femme abominable, et à obtenir d’elle une entrevue secrète dans un jardin écarté, hors de la ville.

Mais à peine y fut-elle arrivée, qu’elle se vit entourée par les agents de Desgrais. L’amoureux abbé se transforma tout d’un coup en brigadier de maréchaussée ; il la contraignit à monter dans une voiture amenée exprès dans cet endroit, et, sous l’escorte de ses hommes, il se rendit en droite ligne à Paris. La Chaussée avait déjà subi la peine capitale peu de temps auparavant. La Brinvilliers fut condamnée au même supplice ; après l’exécution son corps fut brûlé, et les cendres jetées au vent.

Les Parisiens respirèrent quand ils virent anéanti le monstre qui disposait impunément contre amis et ennemis de cette arme mystérieuse de la mort ; mais bientôt après le bruit se répandit que l’art terrible de l’infâme Sainte-Croix s’était transmis à d’autres mains. Comme un fantôme malfaisant et invisible, le meurtre pénétrait même au sein de ces unions Intimes,