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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/70

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son zèle, vit ses recherches infructueuses. Il était réservé à l’adroit Desgrais de découvrir le principal foyer du crime.

Dans le faubourg Saint-Germain demeurait une vieille femme, nommé La Voisin, qui s’occupait de divination et de chiromancie, et qui était parvenue, avec l’assistance de ses deux associés, nommés Lesage et La Vigoureux, à inspirer la surprise et la terreur même à des gens qui ne passaient guère pour faibles ni crédules. Mais elle ne se bornait pas là : La Voisin était élève d’Exili, et elle préparait ainsi que lui ce poison énergique qui faisait périr sans laisser aucune trace ; elle aidait de la sorte des fils dénaturés à hériter plus tôt, et des femmes perverties à se procurer un second mari plus jeune que le leur.

Desgrais parvint à la démasquer ; elle avoua tout, et, condamnée à mort par la chambre ardente, elle fut brûlée vive en place de Grève.1 On trouva chez elle une liste de toutes les personnes qui avaient eu recours à elle, et il en résulta, non seulement un grand nombre d’exécutions consécutives, mais de graves soupçons même contre des personnages de la plus haute distinction. Ainsi l’on supposa que l’intervention de La Voisin avait aidé le cardinal de Bonzy à faire périr, en très peu de temps, toutes les personnes auxquelles il était tenu de payer pension, en sa qualité d’archevêque de Narbonne.2 Ainsi la duchesse de Bouillon et la comtesse de Soissons, dont les noms figuraient sur la liste fatale, furent accusées de connivence avec cette odieuse créature.