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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/92

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ait pu composer une parure semblable. Oui, c’est le travail de mes mains assurément. — Eh bien, reprit la marquise, dites-nous pour qui vous avez fait cette parure. — Pour moi seul, » répondit Cardillac. — Madame de Maintenon et mademoiselle de Scudéry le regardaient frappées d’étonnement, la première pleine de méfiance, la demoiselle dans une attente inquiète de savoir où aboutirait ce problème.

« Oui, poursuivit Cardillac, cela peut vous paraître extraordinaire, madame la marquise, mais il en est ainsi. C’est uniquement pour faire ce chef-d’œuvre que j’avais réservé mes plus belles pierres, et que j’ai pris plaisir à travailler avec plus de zèle et d’assiduité que jamais. Il y a quelque temps, cette parure disparut de mon atelier d’une manière inconcevable.

« Ah ! que le ciel soit loué ! » s’écria mademoiselle de Scudéry dont les yeux brillaient de contentement, et, se levant de son fauteuil avec la prestesse et la légéreté d’une jeune fille, elle s’approcha de Cardillac, et lui dit, les deux mains posées sur ses épaules : « Reprenez donc, maître Réné, un bien que vous ont dérobé d’infâmes coquins. » Alors elle raconta avec détails comment cette parure était parvenue entre ses mains. Cardillac l’écoutait attentivement et les yeux baissés. Seulement de temps en temps, d’une voix imperceptible, il faisait : « Hum ! — ah ! — hoho ! » — Et puis il croisait les mains derrière son dos, ou bien se caressait doucement la joue et le menton.