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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/24

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moi, Satan offre un miel pur, savoureux aux lèvres de sa fiancée ! »

Le confiseur me regarda en riant, et dit ensuite au vieillard ; or Vous ne paraissez pas être bien portant. Ah ! sans doute, l’âge, l’âge ; les forces diminuent. » Sans changer de visage, le vieux s’écria d’une voix sonore : a L’âge, l’âge ? — les forces diminuent ? faiblesse, épuisement ? Hoho — hoho, hoho !… » Et à ces mots il frappa des mains si violemment que les jointures craquèrent, et il bondit en l’air à une hauteur prodigieuse en choquant avec la même vigueur ses pieds l’un contre l’autre, de telle sorte que toute la boutique en retentit, et que tous les cristaux résonnèrent. Mais au même moment, des cris affreux vinrent dominer ce sourd murmure. Le vieillard, en retombant, avait marché sur la patte d’un chien noir qui l’accompagnait, et s’était humblement couché entre ses jambes, or Vilaine bête ! maudit chien endiablé ! » dit le vieillard en reprenant sa voix dolente et cassée ; puis il ouvrit son cornet, et présenta à l’animal un gros macaron. Le chien, qui pleurait et gémissait, se tut soudain ; il s’assit sur ses pattes de derrière, et se mit à croquer le macaron, comme aurait pu le faire un écureuil.

Le vieillard acheva de refermer et d’empocher son cornet en même temps que le chien son régal, « Bonne nuit ! monsieur mon digne voisin ! » dit-il alors en tendant sa main au confiseur ; et celui-ci sentit la sienne si fortement pressée, qu’il en cria de douleur : — « L’impotent et débile vieillard vous