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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/249

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cher Montiel ! mon gracieux fils ! tu ne m’échapperas pas. —

Ainsi me criait dans les oreilles la voix ronflante de ce monstre. — Ah ! quelle horrible angoisse ! — La créature diabolique accroupie sur mon dos, et qui me tenait ainsi enlacé, c’était elle ! l’odieuse, la maudite Cagnizares ! Tout mon sang se figea dans mes veines. Bien repu et robuste comme j’étais, j’aurais défié le plus hardi sergent d’archers et toute son escouade. Mais en cette conjoncture mon courage m’abandonna. — Ô pourquoi Belzébuth ne l’a-t-il pas mille fois noyée dans sa mare de soufre ! — Je sentais le hideux squelette harper mes côtes de ses ongles crochus, et ses flasques mamelles, pareilles à deux bourses de cuir, ballotter sur mon cou, tandis que ses longues jambes écharnées trainaient par terre, et que les pans déchirés de sa robe s’entortillaient autour de mes pattes. Ô l’affreux ! l’horrible souvenir !…

MOI.

Eh quoi, Berganza ! ta voix expire. — Je vois des larmes dans tes yeux ? As-tu donc aussi la faculté de pleurer ? as-tu appris cela de l’homme, ou bien cette expression de la douleur t’est-elle naturelle ?

BERGANZA.

Je te remercie ; tu m’as interrompu à propos. L’impression de cette horrible scène s’est adoucie, et avant de continuer mon récit, je t’apprendrai,