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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/260

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Elles te prenaient décidément pour le fils Montiel, et c’était dans l’espérance de te voir apparaître sous la forme d’un beau jeune homme, qu’elles t’avaient oint de cette huile magique bien connue, qui a la vertu de produire de pareilles transmutations.

BERGANZA.

Tu as parfaitement deviné ; car les sorcières, pendant qu’elles me frottaient et me maniaient dans tous les sens, répétaient de leurs voix sépulcrales cette espèce de chanson qui faisait allusion à ma métamorphose :

Cher poupon, prends Ouhou2 pour guide :
Ne crains rien du matou perfide.
La mère apporte un beau présent,
Cher poupon, voici le moment.

Que la peau du chien t’abandonne.
Transforme-toi : Ouhou l’ordonne !
Magique horreur ! fatal moment !
Cher poupon, change promptement !

Et à chaque refrain, la vieille montée sur le hibou faisait claquer fortement ses mains desséchées l’une contre l’autre, et remplissait l’air de hurlements sauvages et lamentables. Mon tourment augmentait de minute en minute : tout-à-coup le coq chanta dans le village voisin ; une lueur rouge parut à l’orient, et aussitôt toute cette racaille ensorcelée s’envola avec bruit de côté et d’autre, et le maléfice