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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/361

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br ijoffmûnn. 345 BERGANZA. Pense un peu à la destinée d’un pauvre chien condamné à divulguer, comme on dit, les secrets de l’école pour une fois que le ciel lui accorde la faculté de parler.— Mais je vois avec plaisir que ma colère, mon mépris pour vos faux-prophètes (c’est ainsi que je veux appeler tous ceux qui, parjures à la vraie poésie, ne respirent que l’imposture et la vanité), «aient été par toi si bien accueillis ou plutôt jugés naturels. Je te le répète, mon ami : méfie-toi des gens bigarrés ! — . En ce moment un vent frais du matin agita la cime des arbres, et les oiseaux réveillés de leur sommeil se mirent à planer dans la vapeur pourprée qui semblait surgir de derrière les collines. Berganza faisait des grimaces et des bonds étranges, ses yeux étincelants ressemblaient à des charbons embrasés : je me levai et je me sentis saisi d’une terreur dont j’avais triomphé pourtant durant la nuit. a Traou ! — haou ! — haou !— Aou aou ! » — Hélas ! Berganza voulut parler, mais les mots qu’il essaya d’articuler expirèrent dans les aboiements ordinaires du chien. 11 prit sa course aussitôt avec la rapidité de l’éclair ; bientôt je le perdis de vue, mais à une grande distance j’entendis retentir encore : Haou aou ! — Haou î — Haou ! — Haou aou ! Et je sus ce qu’il fallait en penser.