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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/56

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Contes

plus efficace en pareil cas que l’esprit subtil et joyeux qui pétille dans la mousse de ce poétique breuvage, a En même temps, je versai dans son verre du Champagne, qu’elle avait d’abord refusé ; et tout en y goûtant, elle me remercia d’un coup d’œil de l’interprétation que je donnais aux pleurs qu’elle ne pouvait dissimuler.

Je crus voir enfin la sérénité renaître dans son esprit, et tout se serait bien passé, si, à la fin du repas, je n’avais par mégarde choqué rudement le verre anglais placé devant moi, de sorte qu’il rendit un son aigu et glapissant. Je vis ma voisine pâlir mortellement, et je fus saisi moi-mème d’une horreur soudaine ; car j’avais cru entendre la voix perçante de la vieille folle de la maison déserte ! Pendant qu’on prenait le café, je trouvai l’occasion de me rapprocher du comte P***. Il devina bien pourquoi, « Ne savez-vous pas, me dit-il, que votre voisine était la comtesse Edwine de S*** ? Et c’est la sœur de sa mère qui, depuis plusieurs années, est gardée en charte privée comme une folle incurable dans la maison déserte. — Ce matin, elles sont allées toutes deux, la mère et la fille, visiter cette infortunée. Le vieil intendant, qui a seul le secret de porter remède aux accès de folie furieuse de la comtesse, et auquel on avait exclusivement confié le soin de la surveiller, est tombé dangereusement malade. Il paraîtrait que la sœur a pris en conséquence le parti de mettre dans le secret le docteur K***, qui doit tenter encore des moyens extrêmes, sinon pour guérir radicalement la malheureuse, au moins pour