Page:Hoffmann - Contes nocturnes, trad de La Bédollière, 1855.djvu/310

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Praga, et voulut le remettre entre les mains d’une femme de confiance, l’enfant n’était pas évanoui de froid, comme Xavier l’avait cru, mais il avait cessé de vivre. Le comte Xavier disparut alors sans laisser de traces, et l’on pensa qu’il s’était donné la mort.


Plusieurs années s’étaient écoulées, lorsque le jeune prince Boleslas Zapolski, pendant un voyage qu’il fit à Naples, arriva au pied du mont Pausilippe. Là, au milieu de la plus délicieuse contrée, est placé le couvent des Camaldules. Le prince y monta pour jouir d’une vue qu’on lui avait dépeinte comme la plus magnifique de tout l’État napolitain.

Il était dans le jardin du couvent, et sur le point de gravir la cime d’un rocher élevé, d’où l’on pouvait voir le point de vue dans toute sa beauté, lorsqu’il remarqua un moine qui s’y était installé avant lui sur une large pierre. Ce moine avait un livre de prières ouvert sur les genoux, et ses regards étaient fixés sur l’horizon. Son visage, dont les traits étaient encore jeunes, portait l’empreinte d’un profond chagrin.

Un vague souvenir préoccupa le prince à mesure qu’il s’approchait du moine. Il se glissa auprès de lui, et s’aperçut que son livre de prières était écrit en polonais ; il parla polonais au religieux ; mais celui-ci se détourna avec effroi ; et à peine eut-il regardé le prince qu’il se voila le visage, et, comme poussé par un mauvais génie, s’enfuit à travers les buissons.

Lorsque le prince Boleslas raconta cet incident au comte Népomucène, il lui assura que ce moine n’était autre que le comte Xavier.



NOTES DU TRADUCTEUR

3. Il est vraisemblable qu’Hoffmann veut ici parler de Napoléon, sur lequel les Polonais comptèrent inutilement pour rétablir leur indépendance.

4. Ainsi une espèce de vision aurait appris à Herménégilde la mort de Stanislas, et, sauf les détails qu’ajoute à la vérité son imagmation égarée, l’aurait rendue spectatrice d’une scène qui se passait à une grande distance du lieu où elle était. Quelque étrange que paraisse la donnée adoptée par Hoffmann, les recueils d’observations physiologiques fournissent plusieurs exemples de faits analogues.



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