Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/220

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sition que Menzies et Broughton pourraient avoir un duel, je me rendis avec le lieutenant Collnet et M. Wisby, chirurgien du navire, sur la plage déserte qui se trouve non loin du volcan, à la sortie de Hanaruru ; car il me semblait en effet, dès l’instant qu’il s’agissait d’un duel, que c’était l’endroit qu’ils avaient dû choisir. Quelques moments avant d’y arriver, nous entendîmes une décharge, puis une autre immédiatement après. Nous accélérâmes le pas, et cependant nous arrivâmes trop tard : Menzies et Broughton étaient baignés dans leur sang ; celui-ci mortellement frappé à la tête, l’autre à la poitrine, tous deux ne donnant plus signe de vie. lls s’étaient placés à dix pas à peine l’un de l’autre, et entre eux se trouvait le malheureux objet que les papiers de Menzies indiquent comme la cause de la haine et de la jalousie de Broughton. Dans un petit carton garni de beau papier doré, je trouvai, sous des plumes étincelantes, un petit insecte très-étrange de forme et de couleur, que Davis, qui est habile naturaliste, prétendit nous donner pour une sorte de pou, mais qui, quant à la couleur, à la forme singulière de l’arrière-train et des petits pieds, se différencie de toutes les petites bêtes de ce genre découvertes jusqu’à ce jour. Sur le couvercle était écrit ce mot : Haimatochare. Menzies avait trouvé cette petite bête, inconnue jusqu’ici, sur le dos d’un pigeon tué à la chasse par Broughton, et il voulait l’introduire dans le monde des naturalistes, sous le nom bizarre de Haimatochare, comme en ayant fait le premier la découverte. Broughton, au contraire, prétendait que c’était lui qui l’avait le premier découvert, puisqu’elle se trouvait sur un pigeon tué par lui, et il voulait également