Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/17

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l’entendait dans son atelier, marteler ou battre l’enclume, et telle était son ardeur que, bien souvent, quand son œuvre allait être achevée, il la rejetait au creuset parce qu’une partie de la monture ou un détail de quelque crochet de la chaîne ne le satisfaisait point il en résultait que tout ce qui sortait de ses mains était un chef-d’œuvre, mais il n’était pas facile d’obtenir de lui qu’il achevât rapidement une commande ; il y passait des semaines et des mois. En vain, pour le stimuler, lui offrait-on le double du prix convenu, il n’aurait pour rien au monde accepté un louis de plus et lorsqu’il était forcé de livrer enfin l’ouvrage à l’acheteur, il donnait des signes de chagrin qui faisaient pitié.

Cardillac, après avoir entrepris et achevé un travail avec tant d’ardeur, s’obstinait à ne pas vouloir le livrer à celui qui l’avait commandé. Plus d’une fois, de grands seigneurs qui avaient leurs entrées à Versailles, l’avaient vainement supplié de changer de système. On racontait qu’il s’était jeté aux pieds du roi pour implorer la grâce de ne rien faire pour lui, et l’on disait qu’il