Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/24

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mère qu’il aime du plus ardent amour filial, d’envoyer sur le champ à maître René, sous un prétexte quelconque, pour y faire un changement, le collier et les bracelets que je vous ai fait remettre ; votre bonheur, votre vie en dépendent. J’attendrai jusqu’après demain. Si vous résistez à ma prière, j’entrerai de force chez vous et je me tuerai sous vos yeux.

— Il est évident, dit Mlle de Scudéri, après avoir achevé sa lecture, que si cet homme, mystérieux appartient à une bande de voleurs et d’assassins, il n’est animé contre moi d’aucun dessein coupable. S’il avait pu me voir dans cette nuit où la maréchaussée l’a fait fuir, qui sait quels bizarres aveux il m’aurait faits et quels sombres confidences auraient éclairci pour moi tous ces mystères dont je cherche en vain la moindre explication. Quelle que soit l’issue de cette aventure, je ferai ce que l’on me conseille par ce billet, quand ce ne serait que pour me débarrasser de cette maudite parure qui me semble être elle-même un talisman infernal.

Mlle de Scudéri était bien décidée à se rendre le lendemain matin chez le bijoutier avec la parure, mais on eût dit que tous les beaux esprits de Paris s’étaient entendus pour assiéger la demoiselle, ce matin-là dès la première heure, de vers, de pièces de théâtre et d’anecdotes.

Il était près de midi que le dernier des visiteurs ne s’était pas encore retiré. Mlle