Page:Holbach - Le Christianisme dévoilé, 1756.djvu/200

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mais l’amour est un mouvement du cœur, qui ne s’excite en nous qu’à la vue d’un objet que nous jugeons favorable pour nous. Les loix justes, chez les peuples policés, ont toujours défendu de se venger, ou de se faire justice à soi-même ; un sentiment de générosité, de grandeur d’ame, de courage, peut nous porter à faire du bien à qui nous offense ; nous devenons pour lors plus grands que lui, et même nous pouvons changer la disposition de son cœur. Ainsi, sans recourir à une morale surnaturelle, nous sentons que notre intérêt exige que nous étouffions dans nos cœurs la vengeance. Que les chrétiens cessent donc de nous vanter le pardon des injures, comme un précepte qu’un dieu seul pouvoit donner, et qui prouve la divinité de sa morale ; Pythagore, longtems avant le messie, avoit dit : qu’on ne se vengeât de ses ennemis, qu’en travaillant à en faire des amis ;