Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/156

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être dans la satisfaction de ses passions ou de ses caprices passagers, sans aucun égard pour ses semblables, il fallut une force qui le ramenât à son devoir, l’obligeât de s’y conformer, & lui rappellât ses engagemens, que souvent la passion pouvoit lui faire oublier. Cette force, c’est la Loi ; elle est la somme des volontés de la société, réunies pour fixer la conduite de ses membres, ou pour diriger leurs actions de maniere à concourir au but de l’association.

Mais comme la société, surtout quand elle est nombreuse, ne pourroit que très-difficilement s’assembler, & sans tumulte faire connoître ses intentions, elle est obligée de choisir des citoyens à qui elle accorde sa confiance ; elle en fait les interprêtes de ses volontés, elle les rend dépositaires du pouvoir nécessaire pour les faire exécuter. Telle est l’origine de tout gouvernement, qui pour être légitime ne peut être fondé que sur le consentement libre de la société, sans lequel il n’est qu’une violence, une usurpation, un brigandage. Ceux qui sont chargés du soin de gouverner s’appellent souverains, chefs, législateurs, & suivant la forme que la société a voulu donner à son gouvernement, ces souverains s’appellent monarques, magistrats, représentans, etc. Le gouvernement n’empruntant son pouvoir que de la société, & n’étant établi que pour son bien, il est évident qu’elle peut révoquer ce pouvoir quand son intérêt l’exige, changer la forme de son gouvernement, étendre ou limiter le pouvoir qu’elle confie à ses chefs, sur lesquels elle conserve toujours une autorité suprême, par la loi immuable de nature qui veut que la partie soit subornée au tout.