Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/143

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de tous les mouvemens particuliers que les êtres ſe communiquent ſans interruption.

L’on voit donc que la Théologie, en ſuppoſant un Dieu, qui imprimât le mouvement à la nature & qui en fut diſtingué, n’a fait que multiplier les êtres, ou plutôt n’a fait que perſonnifier le principe de la mobilité inhérent à la matiere ; en donnant à ce principe des qualités humaines, elle n’a fait que lui prêter de l’intelligence, de la penſée, des perfections qui ne peuvent aucunement lui convenir. Tout ce que M. Clarcke & tous les autres Théologiens modernes nous diſent de leur Dieu devient à quelques égards aſſez intelligible dès qu’on l’applique à la nature, à la matiere : elle eſt éternelle, c’eſt-à-dire, elle ne peut avoir eu de commencement & n’aura jamais de fin ; elle eſt infinie, c’eſt-à-dire, que nous ne concevons point ſes bornes, &c. Mais des qualités humaines, toujours empruntées de nous-mêmes, ne peuvent lui convenir, vû que ces qualités ſont des façons d’être ou des modes qui n’appartiennent qu’à des êtres particuliers, & non au tout qui les renferme.

Ainsi pour réſumer les réponses qui ont été faites à M. Clarcke, l’on dira 1°. que l’on peut concevoir que la matiere a exiſté de toute éternité, vû qu’on ne conçoit pas qu’elle ait pu commencer. 2°. Que la matiere eſt indépendante, vu qu’il n’y a rien hors d’elle : qu’elle eſt immuable, vu qu’elle ne peut changer de nature quoiqu’elle change ſans ceſſe de formes ou de combinaiſons. 3°. Que la matiere exiſte par elle-même, puiſque, ne pouvant pas concevoir qu’el-