Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/168

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jour me défendre des outrages et de la mort. Ô Akhilleus, apaise ta grande âme, car il ne te convient pas d’avoir un cœur sans pitié. Les Dieux eux-mêmes sont exorables, bien qu’ils n’aient point d’égaux en vertu, en honneurs et en puissance ; et les hommes les fléchissent cependant par les prières, par les vœux, par les libations et par l’odeur des sacrifices, quand ils les ont offensés en leur désobéissant. Les prières, filles du grand Zeus, boiteuses, ridées et louches, suivent à grand’peine Atè. Et celle-ci, douée de force et de rapidité, les précède de très-loin et court sur la face de la terre en maltraitant les hommes. Et les Prières la suivent, en guérissant les maux qu’elle a faits, secourant et exauçant celui qui les vénère, elles qui sont filles de Zeus. Mais elles supplient Zeus Kroniôn de faire poursuivre et châtier par Atè celui qui les repousse et les renie. C’est pourquoi, ô Akhilleus, rends aux filles de Zeus l’honneur qui fléchit l’âme des plus braves. Si l’Atréide ne t’offrait point de présents, s’il ne t’en annonçait point d’autres encore, s’il gardait sa colère, je ne t’exhorterais point à déposer la tienne, et à secourir les Argiens qui, cependant, désespèrent du salut. Mais voici qu’il t’offre dès aujourd’hui de nombreux présents et qu’il t’en annonce d’autres encore, et qu’il t’envoie, en suppliants, les premiers chefs de l’armée Akhaienne, ceux qui te sont chers entre tous les Argiens. Ne méprise donc point leurs paroles, afin que nous ne blâmions point la colère que tu ressentais ; car nous avons appris que les anciens héros qu’une violente colère avait saisis se laissaient fléchir par des présents et par des paroles pacifiques. Je me souviens d’une histoire antique. Certes, elle n’est point récente. Amis, je vous la dirai. ― les Kourètes combattaient les Aitôliens belliqueux, autour de la ville de Kalidôn ; et les Kourètes voulaient la saccager. Et Artémis au siége d’or avait attiré cette calamité sur les Aitôliens, irritée qu’elle