Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/188

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et d’argent, et ses grandes armes d’or, admirables aux yeux, et qui conviennent moins à des hommes mortels qu’aux Dieux qui vivent toujours. Maintenant, conduisez-moi vers vos nefs rapides, ou, m’attachant avec des liens solides, laissez-moi ici jusqu’à votre retour, quand vous aurez reconnu si j’ai dit la vérité ou si j’ai menti.

Et le robuste Diomèdès, le regardant d’un œil sombre, lui répondit :

— Dolôn, ne pense pas m’échapper, puisque tu es tombé entre nos mains, bien que tes paroles soient bonnes. Si nous acceptons le prix de ton affranchissement, et si nous te renvoyons, certes, tu reviendras auprès des nefs rapides des Akhaiens, pour espionner ou combattre ; mais, si tu perds la vie, dompté par mes mains, tu ne nuiras jamais plus aux Argiens.

Il parla ainsi, et comme Dolôn le suppliait en lui touchant la barbe de la main, il le frappa brusquement de son épée au milieu de la gorge et trancha les deux muscles. Et le Troien parlait encore quand sa tête tomba dans la poussière. Et ils arrachèrent le casque de peau de belette, et la peau de loup, et l’arc flexible et la longue lance. Et le divin Odysseus, les soulevant vers le ciel, les voua, en priant, à la dévastatrice Athènè.

— Réjouis-toi de ces armes, Déesse ! Nous t’invoquons, toi qui es la première entre tous les Olympiens immortels. Conduis-nous où sont les guerriers Thrèkiens, leurs chevaux et leurs tentes.

Il parla ainsi, et, levant les bras, il posa ces armes sur un tamaris qu’il marqua d’un signe en nouant les roseaux et les larges branches, afin de les reconnaître au retour, dans la nuit noire.

Et ils marchèrent ensuite à travers les armes et la plaine sanglante, et ils parvinrent bientôt aux tentes des guerriers Thrèkiens. Et ceux-ci dormaient, rompus de fatigue ; et