Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et son char, et leur conducteur. Et ils l’emportèrent vers la Ville, poussant des gémissements. Et quand ils furent parvenus au gué du Xanthos tourbillonnant qu’engendra l’immortel Zeus, ils le déposèrent du char sur la terre, et ils le baignèrent, et, revenant à lui, il ouvrit les yeux. Mais, tombant à genoux, il vomit un sang noir, et, de nouveau, il se renversa contre terre, et une nuit noire l’enveloppa, tant le coup d’Aias l’avait dompté.

Les Argiens, voyant qu’on enlevait Hektôr, se ruèrent avec plus d’ardeur sur les Troiens et ne songèrent qu’à combattre. Le premier, le fils d’Oileus, le rapide Aias, de sa lance aiguë, en bondissant, blessa ios Énopide, que l’irréprochable nymphe Nèis enfanta d’Énops qui paissait ses troupeaux sur les rives du Satnioïs. Et l’illustre Oilèiade le blessa de sa lance dans le ventre, et il tomba à la renverse, et, autour de lui, les Troiens et les Danaens engagèrent une lutte terrible. Et le Panthoide Polydamas vint le venger, et il frappa Prothoènôr Arèilykide à l’épaule droite, et la forte lance entra dans l’épaule. Prothoènôr renversé saisit la poussière avec ses mains, et Polydamas s’écria insolemment :

— Je ne pense pas qu’un trait inutile soit parti de la main du magnanime Panthoide. Un Argien l’a reçu dans le corps, et il s’appuiera dessus pour descendre dans les demeures d’Aidès.

Il parla ainsi, et les Argiens furent remplis de douleur en l’entendant se glorifier ainsi. Et le belliqueux Télamônien Aias fut troublé, ayant vu Prothoènôr tomber auprès de lui. Et aussitôt il lança sa pique contre Polydamas qui se retirait ; mais celui-ci évita la mort en sautant de côté, et l’Anténoride Arkhélokhos reçut le coup, car les Dieux lui destinaient la mort. Et il fut frappé à la dernière vertèbre du cou, et les deux muscles furent tranchés, et sa