Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/321

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l’airain et livrer son cadavre aux chiens troiens ; mais Aias arriva, portant un bouclier semblable à une tour. Et Hektôr rentra dans la foule de ses compagnons ; et, montant sur son char, il donna les belles armes aux Troiens, pour être portées à Ilios et pour répandre le bruit de sa gloire.

Et Aias marchait autour du Ménoitiade, le couvrant de son bouclier, comme une lionne autour de ses petits. Elle les menait à travers la forêt, quand les chasseurs surviennent. Aussitôt, pleine de fureur, elle fronce les sourcils et en couvre ses yeux. Ainsi Aias marchait autour du héros Patroklos, et le brave Atréide Ménélaos se tenait près de lui, avec un grand deuil dans la poitrine.

Mais le fils de Hippolokhos, Glaukos, chef des hommes de Lykiè, regardant Hektôr d’un œil sombre, lui dit ces dures paroles :

— Hektôr, tu as l’aspect du plus brave des hommes, mais tu n’es pas tel dans le combat, et tu ne mérites point ta gloire, car tu ne sais que fuir. Songe maintenant à sauver ta Ville et ta citadelle, seul avec les peuples nés dans Ilios. Jamais plus les Lykiens ne lutteront contre les Danaens pour Troiè, puisque tu n’en as point de reconnaissance, bien qu’ils combattent éternellement. Lâche comment défendrais-tu même un faible guerrier dans la mêlée, puisque tu as abandonné, en proie aux Akhaiens, Sarpèdôn, ton hôte et ton compagnon, lui qui, vivant, fut d’un si grand secours à ta Ville et à toi-même, et que maintenant tu abandonnes aux chiens ! C’est pourquoi, si les Lykiens m’obéissent, nous retournerons dans nos demeures, et la ruine d’Ilios sera proche. Si les Troiens avaient l’audace et la force de ceux qui combattent pour la patrie, nous traînerions dans Ilios, dans la grande ville de Priamos, le cadavre de Patroklos ; et, aussitôt, les Argiens nous rendraient les belles armes de Sarpèdôn et Sarpèdôn lui-même ;