Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/373

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Et Ainéias, lui répondant, parla ainsi :

— Priamide, pourquoi me pousses-tu à combattre l’orgueilleux Pèléiôn. Je ne tiendrais pas tête pour la première fois au rapide Akhilleus. Déjà, autrefois, de sa lance, il m’a chassé de l’Ida, quand, ravissant nos bœufs, il détruisit Lyrnessos et Pèdasos ; mais Zeus me sauva, en donnant la force et la rapidité à mes genoux. Certes, je serais tombé sous les mains d’Akhilleus et d’Athènè qui marchait devant lui et l’excitait à tuer les Léléges et les Troiens, à l’aide de sa lance d’airain. Aucun guerrier ne peut lutter contre Akhilleus. Un des Dieux est toujours auprès de lui qui le préserve. Ses traits vont droit au but, et ne s’arrêtent qu’après s’être enfoncés dans le corps de l’homme. Si un Dieu rendait le combat égal entre nous, il ne me dompterait pas aisément, bien qu’il se vante d’être tout entier d’airain.

Et le roi Apollôn, fils de Zeus, lui répondit :

— Héros, il t’appartient aussi d’invoquer les Dieux éternels. On dit aussi, en effet, qu’Aphroditè, fille de Zeus, t’a enfanté, et lui est né d’une déesse inférieure. Ta mère est fille de Zeus, et la sienne est fille du Vieillard de la mer. Pousse droit à lui l’airain indomptable, et que ses paroles injurieuses et ses menaces ne t’arrêtent pas.

Ayant ainsi parlé, il inspira une grande force au prince des peuples, qui courut en avant, armé de l’airain splendide. Mais le fils d’Ankisès, courant au Pèléide à travers la mêlée des hommes, fut aperçu par Hèrè aux bras blancs, et celle-ci, réunissant les Dieux, leur dit :

— Poseidaôn et Athènè, songez à ceci dans votre esprit : Ainéias, armé de l’airain splendide, court au Pèléide, et Phoibos Apollôn l’y excite. Allons, écartons ce Dieu, et qu’un de nous assiste Akhilleus et lui donne la force et l’intrépidité. Qu’il sache que les plus puissants des immortels l’aiment, et que ce sont les plus faibles qui viennent