Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/398

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sur les nombreuses cimes de l’Ida couvert de forêts, les bœufs aux pieds tors et aux cornes recourbées. Mais quand les Heures charmantes amenèrent le jour de la récompense, le parjure Laomédôn nous la refusa, nous chassant avec outrage. Même, il te menaça de te lier les mains et les pieds, et de te vendre dans les îles lointaines. Et il jura aussi de nous couper les oreilles avec l’airain. Et nous partîmes, irrités dans l’âme, à cause de la récompense promise qu’il nous refusait. Est-ce de cela que tu es reconnaissant à son peuple ? Et ne devrais-tu pas te joindre à nous pour exterminer ces Troiens parjures, eux, leurs enfants et leurs femmes ?

Et le royal archer Apollôn lui répondit :

— Poseidaôn qui ébranles la terre, tu me nommerais insensé, si je combattais contre toi pour les hommes misérables qui verdissent un jour semblables aux feuilles, et qui mangent les fruits de la terre, et qui se flétrissent et meurent bientôt. Ne combattons point, et laissons-les lutter entre eux.

Il parla ainsi et s’éloigna, ne voulant point, par respect, combattre le frère de son père. Et la vénérable Artémis, sa sœur, chasseresse de bêtes fauves, lui adressa ces paroles injurieuses :

— Tu fuis, ô archer ! et tu laisses la victoire à Poseidaôn ? Lâche, pourquoi portes-tu un arc inutile ? Je ne t’entendrai plus désormais, dans les demeures paternelles, te vanter comme auparavant, au milieu des dieux immortels, de combattre Poseidaôn à forces égales !

Elle parla ainsi, et l’archer Apollôn ne lui répondit pas ; mais la vénérable épouse de Zeus, pleine de colère, insulta de ces paroles injurieuses Artémis qui se réjouit de ses flèches :

— Chienne hargneuse, comment oses-tu me tenir tête ? Il te sera difficile de me résister, bien que tu lances des flè-