Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/426

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dans leur demeure, à travers la mer thrèkienne, dont les flots soulevés grondaient. Et le Pèléide, quittant le bûcher, se coucha accablé de fatigue, et le doux sommeil le saisit. Mais bientôt le bruit et le tumulte de ceux qui se rassemblaient autour de l’Atréide le réveillèrent. Et il se leva, et leur dit :

— Atréides, et vous, princes des Akhaiens, éteignez avec du vin noir toutes les parties du bûcher que le feu a brûlées, et nous recueillerons les os de Patroklos Ménoitiade. Ils sont faciles à reconnaître, car le cadavre était au milieu du bûcher, et, loin de lui tout autour, brûlaient confusément les chevaux et les hommes. Déposons dans une urne d’or ces os recouverts d’une double graisse, jusqu’à ce que je descende moi-même dans le Hadès. Je ne demande point maintenant un grand sépulcre. Que celui-ci soit simple. Mais vous, Akhaiens, qui survivrez sur vos nefs bien construites, vous nous élèverez, après ma mort, un vaste et grand tombeau.

Il parla ainsi, et ils obéirent au rapide Pèléiôn. Et ils éteignirent d’abord avec du vin noir toutes les parties du bûcher que le feu avait brûlées ; et la cendre épaisse tomba. Puis, en pleurant, ils déposèrent dans une urne d’or, couverts d’une double graisse, les os blancs de leur compagnon plein de douceur, et ils mirent, sous la tente du Pèléide, cette urne enveloppée d’un voile léger. Puis, marquant la place du tombeau, ils en creusèrent les fondements autour du bûcher, et ils mirent la terre en monceau, et ils partirent, ayant élevé le tombeau.

Mais Akhilleus retint le peuple en ce lieu, et le fit asseoir en un cercle immense, et il fit apporter des nefs les prix : des vases, des trépieds, des chevaux, des mulets, des bœufs aux fortes têtes, des femmes aux belles ceintures, et du fer brillant. Et, d’abord, il offrit des prix illustres aux cavaliers rapides : une femme irréprochable, habile aux travaux, et