Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/456

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peur, et ses cheveux se tinrent droits sur sa tête courbée, et il resta stupéfait. Mais Herméias, s’approchant, lui prit la main et l’interrogea ainsi :

— Père, où mènes-tu ces chevaux et ces mulets, dans la nuit solitaire, tandis que tous les autres hommes dorment ? Ne crains-tu pas les Akhaiens pleins de force, ces ennemis redoutables qui sont près de toi ? Si quelqu’un d’entre eux te rencontrait par la nuit noire et rapide, emmenant tant de richesses, que ferais-tu ? C’est un vieillard qui te suit, et tu n’es plus assez jeune pour repousser un guerrier qui vous attaquerait. Mais, loin de te nuire, je te préserverai de tout mal, car tu me sembles mon père bien-aimé.

Et le vieux et divin Priamos lui répondit :

— Mon cher fils, tu as dit la vérité. Mais un des dieux me protège encore, puisqu’il envoie heureusement sur mon chemin un guide tel que toi. Ton corps et ton visage sont beaux, ton esprit est sage, et tu es né de parents heureux.

Et le messager, tueur d’Argos, lui répondit :

— Vieillard, tu n’as point parlé au hasard. Mais réponds, et dis la vérité. Envoies-tu ces trésors nombreux et précieux à des hommes étrangers, afin qu’on te les conserve ? ou, dans votre terreur, abandonnez-vous tous la sainte Ilios, car un guerrier illustre est mort, ton fils, qui, dans le combat, ne le cédait point aux Akhaiens ?

Et le vieux et divin Priamos lui répondit :

— Qui donc es-tu, ô excellent ! Et de quels parents es-tu né, toi qui parles si bien de la destinée de mon fils malheureux ?

Et le messager, tueur d’Argos, lui répondit :

— Tu m’interroges, vieillard, sur le divin Hektôr. Je l’ai vu souvent de mes yeux dans la mêlée glorieuse, quand, repoussant vers les nefs les Argiens dispersés, il les tuait de l’airain aigu. Immobiles, nous l’admirions ; car Akhil-