Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/27

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Et au ſurplus laiſſant tout ce langage,
Ie ſuis d’avis qu’on dreſſe l’equipage
D’une grand nef, de bons patrons garnie,
Et que la Dame, ayant pour compagnie
L’un d’entre vous, ſoit honorablement
Menée au pere : & la devotement
Dreſſes autelz, & offert ſacrifice,
Pour Apollo vers nous rendre propice.
    Quand Achillés eut tres bien entendu
Agamemnon, fut par luy reſpondu,
Le regardant (en fureur) de travers :
Ô impudent, Ô deceveur pervers,
Qui eſt le Grec, qui prompt ſe monſtrera
De t’obeir, & qui ſ’acouſtrera
Pour batailler, ſouſtenant ton party ?
Certainement je ne ſuis pas ſorty
De mon pays, pour venir outrager
Les fors Troyens, ne pour d’eux me venger :
Car onc ilz n’ont par tumulte de guerre,
Prins le beſtail, ne les fruictz de ma terre :
Il y a trop entre-deux de montagnes,
Trop large mer, trop deſertz, & campaignes.
Tant ſeulement moy, & toute ma ſuite
Sommes venus icy ſous ta conduire,
Paſſans la mer, non point pour noſtre affaire,
Mais pour venger Menelaus ton frere :
Et maintenant ſans adviſer le bien,
Que l’on te faict (Ô viſage de chien)
Lors que devrois me rendre quelques graces,
De me priver de mon bien me menaces.
Ie dy mon bien : mien eſt il vrayement,
L’aiant gaigné, combatant vaillamment.