Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/34

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Et toy auſſi (Agamemnon) appaiſe
Doreſnavant ceſte fureur mauvaiſe,
Sans abuſer de ton authorite.
    Semblablement ſi j’ay dict verité :
Ie te ſupply que pour l’amour de moy
(Ô Achillés) tu chaſſes ceſt eſmoy,
Te demonſtrant (ainſi que tu ſoulois)
Ferme rempart de tout le camp Gregeois.
Ce que tu dis, Ô vieillart honorable,
(Dict le grand Grec) n’eſt que trop raiſonnable :
Mais ceſtuy-cy, par ſa fierté de coeur,
Veult eſtre dict, le ſeigneur, le vaincqueur :
Tout veult regir, tout commander auſſi :
Mais ſi je puis, ne ſera pas ainſi.
Car, eſt il dict, ſi la divine eſſence
L’a faict ; tres fort, qu’il ait auſſi licence
D’injurier chacun à tous propos ?
    Lors Achillés qui n’eſtoit en repos,
Print la parole, & diſt : Certainement
Couard ſeroye, & meſchant plainement,
Si tout ainſi qu’il te vient à plaiſir,
I’obeiſſoye à ton propre deſir.
Commande ailleur : & quand à moy n’eſpere
Doreſnavant, qu’en rien je t’obtempere.
Encor te veux d’une choſe aſſeurer,
Que tu dois bien crainte, & conſiderer,
C’eit à ſcavoir, que je n’auray querelle
En contre toy, pour l’amour de la belle,
Ny contre autruy te voyant obſtiné
À me priver du bien qu’on rn’a donné :
Mais garde toy ſur peine de ta vie,
Qu’il ne te preigne à l’advenir envie