Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/53

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Fut ſans repos, ne ceſſant de penſer
Quelque moyen, pour Achillés haulſer
En grand honneur : & mouuoir quelque noiſe,
Au grief danger de l’armée Gregeoiſe.

Iuppiter parle au Dieu du ſonge.

    Si feit venir vers ſoy le Dieu des ſonges

Pernicieux, & porteur de menſonges :
Auquel il dict. Songe malicieux
Laiſſe ſoubdain le manoir des haultz cieux,
Et t’en deſcends promptement au nauire
D’Agamemnon, auquel tu pourras dire
Que de par moy bien exprés luy commandes,
Qu’il face armer toutes les Grecques bandes.
Car à preſent conuient que ſon empriſe
Soit acheuée, & que Troie ſoit priſe :
Veu que les Dieux diuiſez & partiz
(Quand à ce poinct) ores ſont conuertiz,
Perſuadez de Iuno, qui ſouhaite
De veoir en brief ceſte Cité deffaicte.

Le Songe vient trouuer Agamẽnon, & parle à luy.

    Le Dieu du ſonge (oyant le mandement

De Iuppiter) partit diligemment,
Et vint trouuer Agamemnon, ſurpris
De doulx ſommeil, recreant ſes eſpritz.
De luy ſ’approche : & ſe rendant ſemblable
Au bon Neſtor le vieillard honorable,
Luy diſt ainſy. Filz d’Atreus vaillant,
Dors tu icy ? ou ſi tu es veillant ?

Vng prince en guerre ne doibt dormir la nuyct entiere.

» Pas n’eſt raiſon qu’vng Prince ayant la charge

» De tant de gens, d’oyſiueté ſe charge :
» Car le ſoucy luy doibt donner matiere,
» De ne dormir ainſy la nuyct entiere.
Or entens donc ce que Iuppiter veult,
Qui tant t’honore, & de ton mal ſe deult,