Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hippodamia de venir, afin de m’accompagner dans les demeures. Je ne veux point aller seule au milieu des hommes, car j’en aurais honte.

Elle parla ainsi, et la vieille femme sortit de la maison afin d’avertir les servantes et qu’elles vinssent à la hâte.

Et, alors, la déesse Athènè aux yeux clairs eut une autre pensée, et elle répandit le doux sommeil sur la fille d’Ikarios. Et celle-ci s’endormit, penchée en arrière, et sa force l’abandonna sur le lit de repos. Et, alors, la noble Déesse lui fit des dons immortels, afin qu’elle fût admirée des Akhaiens. Elle purifia son visage avec de l’ambroisie, de même que Kythéréia à la belle couronne se parfume, quand elle se rend aux chœurs charmants des Kharites. Elle la fit paraître plus grande, plus majestueuse, et elle la rendit plus blanche que l’ivoire récemment travaillé. Cela fait, la noble Déesse s’éloigna, et les deux servantes aux bras blancs, ayant été appelées, arrivèrent de la maison, et le doux sommeil quitta Pènélopéia. Et elle pressa ses joues avec ses mains, et elle s’écria :

— Certes, malgré mes peines, le doux sommeil m’a enveloppée. Puisse la chaste Artémis m’envoyer une mort aussi douce ! Je ne consumerais plus ma vie à gémir dans mon cœur, regrettant mon cher mari qui avait toutes les vertus et qui était le plus illustre des Akhaiens.

Ayant ainsi parlé, elle descendit des chambres splendides. Et elle n’était point seule, car deux servantes la suivaient. Et quand la divine femme arriva auprès des Prétendants, elle s’arrêta sur le seuil de la salle richement ornée, ayant un beau voile sur les joues. Et les servantes prudentes se tenaient à ses côtés. Et les genoux des Prétendants furent rompus, et leur cœur fut transporté par l’amour, et ils désiraient ardemment dormir avec elle dans leurs lits. Mais elle dit à son fils Tèlémakhos :

— Tèlémakhos, ton esprit n’est pas ferme, ni ta pensée.