Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/397

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Ensuite, ils prirent leur repas auprès de la nef noire et rapide, et ils firent des libations aux Dieux heureux qui habitent l’Olympos. Puis, ayant assouvi le désir de boire et de manger, ils se mirent en chemin, et le Roi Apollôn, fils de Zeus, les menait ; et il avait une kithare dans les mains, et il en jouait admirablement, et les Krètois, étonnés, le suivaient vers Pythô, chantant Io-Paian, comme ont coutume de chanter les Krètois dont la Muse divine remplit la poitrine de doux chants.

Et, d’un pied infatigable, ils gravirent la montagne, et ils parvinrent au Parnèsos et au lieu désirable qu’ils devaient habiter à l’avenir, étant honorés par la foule des hommes. Et le Dieu qui les conduisait leur montra le sol et le temple opulent. Et leur âme fut émue dans leurs chères poitrines, et le chef des Krètois, lui répondant, dit :

— Ô Roi, puisque tu nous as conduits loin de nos amis et de la terre de la patrie, ainsi qu’il a plu à ton cher cœur, nous te demandons de nous dire comment nous vivrons maintenant. Cette terre n’est point fertile en vignes et n’a point de prairies de façon que nous en puissions vivre et, en même temps, être utiles aux hommes.

Et, en souriant, Apollôn, fils de Zeus, leur répondit :

— Hommes insensés, misérables, avides d’inquiétudes, de douleurs amères et de gémissements de cœur, je vous dirai aisément la vérité et je la déposerai dans votre esprit. Que chacun de vous ait dans sa main droite un couteau pour égorger sans cesse les brebis. Toutes les choses que m’amèneront les races illustres des hommes vous seront offertes abondamment. Gardez le temple et accueillez les hommes qui s’assembleront ici, et surtout observez ma volonté, soit qu’il vous soit dit une parole vaine, soit qu’on vous outrage, ce qui arrive aux hommes mortels. Ensuite, vous aurez d’autres maîtres auxquels vous serez toujours