Page:Honnorat - Dictionnaire provençal-français, Projet, 1846.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de figurer, par un fatras de lettres souvent inutiles, la prononciation de la localité dans laquelle ils écrivaient.

Mais avant que de pouvoir se livrer utilement à la recherche de l’étymologie des mots des langues dérivées, il faut déterminer quelles sont celles qui en ont été les mères, car ce n’est que dans celles-là qu’on doit en chercher et trouver les radicaux.

Pour ne rien donner à l’arbitraire , je partirai de ces trois points incontestés et incontestables :

1° Que les Grecs ayant habité pendant long-temps le territoire de Marseille, ont du y laisser beaucoup de mots de leur langue. 2° Qu’à l’arrivée de César dans les Gaules on y parlait encore le Celte, qui était alors la langue naturelle de ses habitants. 3° Enfin, que les Romains étant venus occuper notre pays, y exercèrent un despotisme qui s’étendit jusqu’à la langue qu’on y parlait, qu’ils parvinrent pour ainsi dire à anéantir, pour lui substituer la leur. (1) On sait qu’ils destituaient un fonctionnaire de l’emploi qu’on lui avait confié, si dans six mois il n’était pas en état d’entendre et de parler le latin. En fallait- il davantage pour que leur langue devint dominante, et pour qu’elle fit négliger celle qu’on y parlait avant, sans pouvoir cependant la faire oublier au point qu’il n’en restât beaucoup de mots , de ceux surtout dont on se servait rarement et qui désignait des objets de peu d’importance ? C’est de cette langue que, par des changements dont nous parlerons bientôt , la nôtre s'est formée, ce qu’il est bien facile de démontrer, quoique des auteurs très recommandables aient prétendu que le provençal n’avait de commun avec le latin, que quelques mots qu’il lui avait empruntés.

Quand on veut connaître l’origine , la base fondamentale d’un idiome quelconque, il faut en étudier les mots essentiels, ceux dont le plus pauvre ne saurait se passer, ceux enfin qui désignent les choses les plus importantes, les plus usuelles, celles de première nécessité ; car il n’en est aucun, quelque borné qu’il soit, dans lequel on ne puisse exprimer par exemple, les idées de Dieu, Homme, Femme, Cheval, Chien, Pain, Vin, Viande, Père, Mère, etc. He bien ces mots qui figurent ru première ligne dans tous les vocabulaire, qui