Page:Honnorat - Dictionnaire provençal-français, Projet, 1846.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 16 —

Les mots altérés, ou formés contre les régies du langage sont inféconds en effet, et ne peuvent pas plus se reproduire que ce qu’on appelle mulet parmi les quadrupèdes.

Du latin pellis par exemple, on a fait pel , par apocope, qui est le véritable mot provençal ; de pel, par le changement de 17 en ou, les modernes ont fait peou, et les français peau ; mais ;)coii comme peau restent isolés, cl toutes les fois qu’on veut former un composé il faut revenir au primitif pel , et dire : pcl-i’ta, peUassa , pel-ar , pel-oun, pel-el-ier, et en français : pelisse, pelleterie, pelletier, pellicule, pellispier , etc. peau a cependant produit peaucier, nom d’un muscle. D’iii/in-llus. on a fait agnel , puis agneau et le français agneau , mais les composés de ce mot sont tous formés avec le primitif agnel : agnc’.-ar , agml-oun ; agnelet, agneler, agnelin, etc. il en est de même de capel et coutel ; capeou , chapeau , chapeau ; couteou . couteau, n’ont point de composés , ils sont tous formés avec capel ou rhapel et avec coutel.

Lorsque les auteurs delà nouvelle nomenclature chimique ent voulu former des composés en ajoutant une terminaison signiûcative aux mots simples, ils ont scnii, sans l’expliquer, ou entraînés par l’analogie, qu’en adaptant celle terminaison au mot altéré le composé serait ridicule, et ils se sont décidés à reprendre le primitif. Les désinences eux el ique, indiquent des degrés d’oxigénalion différents des corps acidifiantes, au nom desquels on les ajoute, ainsi soufre aurai) donné soufrique el soufreur, t a mli> qu’en se servant de la vrai racine sulfur, on a formé sulfurique et sulfureux, qui sont bien plus sonores et bien plus réguliers.

S’il s’agissait de déterminer, par exemple, quel est, de can ou de c/tin, le mol qu’on doit préférer, on verrait qu’Us ont tous les deux une élymologic c nnue ; que can vient du latin rouis, et rfu’cn du grec (kunos) gén. de (kuon) chien : que sous ce rapport ils auraient un droit ésal à être adoptés ; mais on se convaincra du contraire si l’on fait attention que !e mot can est comme isolé dans la langue provençale , qu’il n’a, du moins dans la moderne, ni augmenlatif , ni diminutif, ni féminin ; que ceux qui disenl can, comme ceux qui se servent de chin , s’accordent ensuite à dire chinoun , chinas, china , et qu’on ne dit point cannun, canas, ni cana.

Cependant comme ean . n’csl point une altération , mais un moi