Page:Honnorat - Dictionnaire provençal-français, Projet, 1846.djvu/43

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i on prononçai oomme on écrit, que de vouloir (Vire écrire comme on a pron jncé.

« L’expression de la pensée par la voix est nécessairement variable, n parce qu’elle est passagère, et que par là elle fixe moins les traces » sensibles qu’elle peut mettre dans l’imagination : verba voiant ; au » contraire, l’expression de la parole par l’écriture c ; t permanente, •> parce qu’elle offre aux yeux une image durable, que l’on se représente aussi souvent et aussi long-temps qu’on le juge à propos, et » qui par conséquent f.ii ! dans l’imagination des traces plus profondes : scrijjta numsnt. C’est donc une prétention chimérique, que » de vouloir mener l’écriture parallèlement avec la parole ; c’e^ vouloir pervertir la nature des choses, donner de la mobilité à celles » qui sont essentiellement permanentes, et de la stabilité à celles qui » sont essentiellement changeantes et variables. » Devons nous nous plaindre de l’incompatibilité des natures de » deuxehosesquiont d’ailleurs entre elles d’autres rclationssi intimes ? » applaudissons-nous au contraire, des avantages réels qui en résullent. Si l’orthographe est moins sujette que la voix à subir des changements de forme, elle devient par là même dépositaire et témoin » de l’ancienne prononciation des mets ; elle facilite ainsi Iaconnaissanec des élymologies, dont on a démontré ailleurs l’importance. » Encycl. au mot Orthographe.

« Si l’on établit pour maxime générale, dit l’Abbé Desfontaines, o o’.is. sur les écrits mod. t. 30. p, 255, que la prononciation doit o être le modèle de l’orthographe, le Normand , le Picard, le Bourguignon, le Provençal, écriront comme ils prononcent ; car dans » le système du néographisme, celte liberté doit conséquemmenl leur

  • > être accordée. »

« Heureusement , dit Nodier , Linguistique, p. tCO, la question n n’est pas là ; l’orthographe n’étant pas, comme on le dit, l’expression écrite de la prononciation ; car si l’orthographe était l’expresd sion écrite de la prononciation, il n’y aurait plus dès demain, ni » langue ni littérature, mais un détestable argot individuel Ce » serait un monstrueux mélange de Dégagements, de bredouillements, i de grasseyements, d’anonements, de nasillements, d’accents proo vinciaux, de barbarismes sauvages imposés parla voix qui prononce » à la main qui écrit , une confusion pire encore que celle des ouvriers d" celte tour maudite de Dieu. »