Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/76

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barrasser notre porte. » — « Allons, Marie-Jeanne, » fit la laitière avec indignation et toute sa sympathie remuée ; « n’êtes vous pas pour le coup trop prompte ? Ce ne sont pas du tout des mendiants et c’est moi qui leur ai dit de se mettre là : j’étais sûre que vous n’auriez pas le cœur de renvoyer ces pauvres êtres faméliques sans nourriture, quand vous avez quantité de restes. » — « Oui, mais Ma’me dit que c’étiont pour donner aux pauvres méritants, et je ne vois pas ce que des haillons peuvent mériter, » répliqua la cuisinière, observant Thomas et Catherine d’un air de doute. — « J’aimerais savoir comment vous faites pour dire quels sont les méritants ! » rétorqua la laitière, dédaigneuse ; « c’est toujours sur les habits que vous jugez ! Regardez plutôt ce petit, » prenant l’enfant des bras de sa mère : « tenez, ce n’est que la peau et les os, vous pouvez bien voir que c’est mort de faim. Votre Ma’me serait satisfaite que vous donniez vos restes à des gens comme ceux-ci. Je le sais. Allez me chercher un pot, en même temps, voilà qui sera d’une brave femme, et je leur donnerai du lait, » ajouta-t-elle, comme Marie-Jeanne retournait, avec quelque répugnance encore, pour aller voir quels restes elle pourrait bien trouver.

« Avez-vous des enfants à vous ? » demanda Catherine,