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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/153

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livre ii, satire vii.

reux ! ajoute à ces raisons ceci qui ne vaut pas moins : si celui qui obéit à un esclave est son remplaçant, ainsi que le dit votre coutume, ou son camarade, que suis-je pour toi ? Tu me commandes sans doute, mais, malheureux, tu obéis à d’autres et tu es remué comme une figure de bois par des ficelles étrangères. Qui donc est libre ? le sage, qui se commande à lui-même, que n’épouvantent ni les chaînes, ni la pauvreté, ni la mort, qui est assez fort pour refréner ses désirs et mépriser les honneurs, qui est tout en soi, qui, poli et rond, n’offre de prise à rien d’extérieur, et contre qui la Fortune se rue toujours impuissante. Peux-tu te reconnaître ici en quelque chose ? Une femme te demande cinq talents, te tourmente, te met à la porte, t’arrose d’eau froide et te rappelle. Arrache ton cou de ce joug honteux ; dis : « Je suis libre, bien libre ! » Tu ne le peux ! un rude maître domine ton esprit, excite ta fatigue d’un aiguillon