reux ! ajoute à ces raisons ceci qui ne vaut pas moins :
si celui qui obéit à un esclave est son remplaçant,
ainsi que le dit votre coutume, ou son camarade,
que suis-je pour toi ? Tu me commandes sans
doute, mais, malheureux, tu obéis à d’autres et
tu es remué comme une figure de bois par des
ficelles étrangères. Qui donc est libre ? le sage,
qui se commande à lui-même, que n’épouvantent ni les chaînes, ni la pauvreté, ni la mort,
qui est assez fort pour refréner ses désirs et mépriser les honneurs, qui est tout en soi, qui, poli
et rond, n’offre de prise à rien d’extérieur, et contre
qui la Fortune se rue toujours impuissante. Peux-tu
te reconnaître ici en quelque chose ? Une femme te
demande cinq talents, te tourmente, te met à la
porte, t’arrose d’eau froide et te rappelle. Arrache
ton cou de ce joug honteux ; dis : « Je suis libre,
bien libre ! » Tu ne le peux ! un rude maître
domine ton esprit, excite ta fatigue d’un aiguillon
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livre ii, satire vii.