Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/121

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LE LINX ET LA TAUPE

Jadis dans le siécle des fables,
Et du tems qu’il étoit des sirenes, des sphinx,
Centaures et choses semblables,
Vivoit aussi messire linx,
L’argus des animaux, dont la perçante vûë
Ne trouva jamais rien d’obscur :
Tandis que l’œil du jour perce à peine la nuë,
Le sien perce au travers d’un mur.
Un de ces animaux, tapi sous un branchage,
(car ils étoient chasseurs de leur métier)
Se tenoit à l’affût, attendoit le gibier,
Préparant ses dents à l’ouvrage.
Notre Argus apperçoit une taupe en son trou.
Ah ! Lui dit-il ; que je te plains ma mie !
Pauvre animal que fais-tu de la vie ?
Tu n’as point d’yeux ; Jupiter étoit fou