Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/130

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LA ROSE ET LE PAPILLON

Qu’est devenu cet âge où la nature
Rioit sans cesse au genre humain ;
Cet âge d’or, dont la peinture
Nous flate encor ? Songe doux quoique vain.
Mais ce n’est pas que j’en rappelle
Les jours sereins et les tranquilles nuits.
Que la nature fût plus belle,
Que Flore eût plus de fleurs, Pomone plus de fruits,
Ce n’est pas-là ce qui fait mes ennuis.
J’en regrette d’autres délices ;
La foi naïve et la simple candeur,
Les vertus hôtesses du cœur,
L’ignorance même des vices.
Oüi, ce fut-là son plus rare trésor,
Les discours n’étoient point des embûches dressées ;
Les paroles et les pensées
N’étoient point en divorce encor.
Quoi ! Ces gens étoient-ils des hommes,
Demanderoit-on volontiers ?
Tant on les trouve singuliers