Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/135

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Il ne t’en viendra pas à force de murmure ;
Il faut vouloir, ce que veut la nature.

Le noyer babillard continuoit toûjours,
Quand un essain d’enfans interrompt son discours.
À coups de bâtons et de pierre
Le bataillon lui livre une cruelle guerre.

Le pauvre arbre n’a point de noix
Qui ne lui coûte au moins une blessure :
Il reçoit cent coups à la fois ;
Adieu ses fruits et sa verdure.
La moisson faite, on veut encore glaner :
Sans respect du noyer, sur lui la troupe monte ;
On le rompt, on l’ébranche ; il crie, on n’en tient compte,
Tant qu’il n’ait plus rien à donner.
Enfin, chargés de noix, c’est sous l’orme tranquille
Que les enfans vont les manger ;
Et l’orme dit en les voyant gruger ;
C’est souvent un malheur que d’être trop utile.