Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/138

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APOLLON MERC. ET BERG.

L’homme est ingrat ; c’est son grand vice.
Comme une grace il sollicite un bien ;
L’a-t-il reçû ? Ce n’est plus que justice ;
On a bien fait ; il n’en doit rien.
Place-t-on un nouveau ministre ?
Il faut pour ses flatteurs agrandir son palais.
Des graces, des trésors n’a-t-il plus le registre ?
Une solitude sinistre
Fait deserter jusques à ses valets.
La foule se presse où l’on donne ;
Mais où l’on a donné, l’on ne voit plus personne ;
Je plaindrois un vendeur d’encens
Qui n’en débiteroit qu’aux cœurs reconnoissans.
On a tort ! Les plaisirs que l’on daigne nous faire
Doivent être payés du cœur ;
Et c’est voler son bienfaiteur
Que lui retenir ce salaire.
Mais nous, sans intérêt obligeons les humains.
Que l’honneur de servir soit le prix du service.