Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/153

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Deux voyageurs firent naufrage ;
Et sur le débris du vaisseau
Ils abordent tous deux dans une isle sauvage,
Où les suit un danger nouveau :
L’affreuse faim. Nos gens cherchent par tout à vivre ;
Mais ils ont beau courir, nuls fruits, nuls animaux ;
Sable alteré comme eux. Les voilà près de suivre
Leurs compagnons engloutis dans les eaux.
Après deux ou trois jours, sur la rive ils découvrent
Grand nombre d’huîtres prenant l’air.
Voilà des coquilles qui s’ouvrent,
Dit l’un, nous serions bien obligés à la mer,
Si c’étoit quelque proye. Il prend le coquillage,
Et l’ouvrant tout-à-fait, voit les mets odieux,
Effrayant le goût par les yeux.
Il vaut autant mourir, s’écria le moins sage,
Que de manger cela ; disant pour sa raison,
Que faim n’est pire que poison.
Le cœur lui soûlevoit contre l’affreuse proye.
Il languit et mourut de faim.
L’autre à l’extrémité l’employe,