Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/158

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La nuit l’en arrachoit à peine,
Les soucis avoient pris la place du sommeil ;
Et la nuit se passoit à presser le soleil
De revenir lui montrer sa sirène.
Quels yeux ! Quels traits ! Et quel corps fait au tour !
S’écrioit-il : quelle voix ravissante !
Le ciel n’enferme pas de beauté si touchante.
Il languit, séche, meurt d’amour.
Neptune en eut pitié. ça, lui dit-il un jour,
La sirène est à toi ; je l’accorde à ta flamme.
L’hymen se fait ; il est au comble de ses vœux ;
Mais dès le lendemain le pauvre malheureux
Trouve un monstre au lieu d’une femme.
Pauvre homme ! Autant l’avoient travaillé ses transports,
Autant le dégoût le travaille.
Le desirant ne vit que la tête et le corps ;
Le jouïssant ne vit que la queuë et l’écaille.