Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/170

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Voilà donc par ce maître Achille gouverné.
Chiron s’y prit si bien que dans l’ame royale
Chaque vertu bien-tôt eut son rang assigné ;
Que d’une main sûre et loyale
Tout vice en fut déraciné,
À la colere près ; c’étoit un vice inné
Qui tint bon contre la morale.
Du reste, Achille étoit fort bien moriginé.
Des vertus du héros les dieux ont tenu compte
Au gouverneur ; le vice fut la honte
Du prince seul ; on n’avoit rien ômis
Pour l’en guérir ; ainsi Chiron fut mis
Entre les dieux ; et c’est ce sagittaire
Qui du ciel encor nous éclaire.
Monument éternel par qui nous apprendrons
Comment nous avons part à la vertu des autres.
Les efforts généreux que nous leur inspirons
Nous sont comptés comme les nôtres.
Mais, Villeroi, souffre qu’ici
J’ajoûte une notte à ma fable :
Achille eut un vice incurable ;
Louis n’en a point, dieu merci.
À toutes les vertus il offre un cœur docile ;
Et le ciel tout exprès l’a fait pour notre bien.
Tu vaux mieux que Chiron : il est meilleur qu’Achille ;
Et la conséquence est facile :
Tu nous le dois parfait ; nous n’en rabatrons rien.