Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/177

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GRENOUILLES ET ENFANS

Y pensez-vous, messieurs les princes,
Vous vous picquez de nobles sentimens.
Vous voulez batailler, conquerir des provinces :
Ce sont là vos amusemens.
Mais sçavez-vous bien que nous sommes
Les victimes de ces beaux jeux ?
Bon, il n’en coûte que des hommes,
Dites-vous. N’est-ce rien ? Vous comptez bien les sommes ;
Mais, pour les jours des malheureux,
C’est zero : belle arithmétique
Qu’introduit votre politique !
Des grenouilles vivoient en paix,
Barbotant, croassant au gré de leur envie.
Une troupe d’enfans sur les bords du marais
Vint troubler cette douce vie.
Ça, dit l’un d’eux, j’imagine entre nous
Un jeu plaisant, une innocente guerre.
Qui lancera plus loin sa pierre,